Noob saison 3

Genre : Web-série faite avec amour
Réalisateur : Fabien Fournier

noob saison 3
Acteurs : Anne-Laure Jarnet, Julien Guellerin, Jonathan Fourcade, Frédéric Zolfanelli, Fabien Fournier

Editeur : Kazé
Diffusé sur : Nolife, KZTV
Format : DVD
Nombre de galettes : 2
Suppléments : Oui
Date de sortie : 7 mars 2012

Public : Tous publics
Prix : 29.95 €

Site officiel

Pour être franc, j’ai à l’heure actuelle une flopée de sujets en retard dans cette rubrique, et Games in the City étant avant tout un site qui cause de jeu vidéo – et étant pour l’instant seul à faire tourner la boutique – ce n’est déjà pas évident évident de tenir mes délais sur le sujet, alors imaginez pour ce qui est du reste !

Fort heureusement j’ai pu rattraper un peu mon retard et me trouve donc « libre de mon temps » pour les quelques heures à venir, et comme je voulais inaugurer cette rubrique en beauté, quoi de mieux qu’une petite review d’une web-série qui se trouve être pile-poil à cheval entre le jeu vidéo et le « completely different » (bien que not so much) ?

Noob saison 3 vient donc de sortir en dévédèche (et la saison 4 a déjà bien démarré à l’heure où j’écris ces lignes), et en fan de la série depuis sa première diffusion il y a trois ans (sur Nolife ; on ne les remerciera jamais pour ça, La Flander’s Company et Le Visiteur du Futur, entre-autres) j’avais déjà pris plaisir à chroniquer la première saison sur le site où j’officiais auparavant. Comme par contre et hélas et faute de temps je n’avais pas pu le faire pour la seconde, cet article sera une sorte de mea-culpa à moi-même en plus d’être une session de rattrapage, car ce qui me bluffe avec Noob et son géniteur Fabien Fournier, c’est la qualité du travail accompli depuis le début, alors que lui et son équipe (on va dire ses amis, ce sera plus juste) fonctionnent depuis tout ce temps uniquement à l’envie de faire et sans budget – enfin, si on fait le comparo avec la notion de budget telle qu’on la conçoit dans l’audiovisuel « sérieux ».

fabien fournier

Noob, pour ceux qui ne connaitraient pas, est donc une web-série imaginée et réalisée par Fabien Fournier qui raconte les aventures d’une guilde de losers (la guilde Noob, noob étant un terme péjoratif dans le milieu du jeu puisqu’il fait référence à newbie = débutant/gros nul) au sein d’un MMORPG fictif du nom d’Horizon. Mais bien que composée de boulets irrécupérable – un chef autrefois de haut-niveau dans la plus prestigieuse guilde d’Horizon et qui s’est fait bannir du jeu pour avoir acheté des crédits pirates, une invocatrice vénale et roublarde uniquement motivée par le fric (réel ou virtuel) qu’elle peut tirer du jeu (auquel elle se connecte grâce à la connexion wi-fi de ses voisins), un assassin macho comme pas permis à l’égo démesuré (et qui pourrait bien cacher un gay refoulé) et un prêtre benêt d’une naïveté et d’un bêtise confondantes, au point de plus souvent soigner les ennemis que ses alliés lors des combats et de ne jamais faire la différence entre les membres de sa faction et ceux de la faction adverse -, cette guilde Noob (à laquelle viennent de temps-en-temps se greffer d’autres « beaux-cas ») parvient néanmoins toujours à sortir son épingle du jeu, souvent de façon involontaire et grâce à la somme des tares accumulées par ses membres.
Et pour ce qui concerne plus précisément le synopsis de cette troisième saison, je vais faire preuve d’un peu de flemmardise intellectuelle (enfin, plus que d’ordinaire je veux dire) et citer ici le résumé du dossier de presse : « La nouvelle extension du MMORPG Horizon 2.0 est désormais disponible. Alors que la guilde Noob se retrouve dès les premières heures pour découvrir les nouvelles quêtes de cette mise à jour, un événement aussi inattendu qu’incroyable va bouleverser l’équilibre du jeu. Au milieu de ce grand chamboulement, l’Ordre, la troisième faction, va faire son apparition. La donne a changé et l’issue de la guerre qui oppose l’Empire à la Coalition devient de plus en plus incertaine. Les joueurs au curseur d’or vont devoir se serrer les coudes…tous, y compris la guilde Noob ! »

Noob donc, et depuis sa création, n’a cessé de prendre de l’ampleur, à tel point que cette troisième saison permet vraiment de prendre conscience de l’énergie que déploie son créateur depuis le début et en permanence pour donner corps à sa vision. Car si les moyens ont peu évolué depuis la saison 1, il est franchement impressionnant de constater comment Fabien a su en tirer parti toujours un peu mieux au fil des épisodes. Les fans par exemple, toujours plus nombreux et dont l’équipe se soucie beaucoup, avaient massivement été mis à contribution lors d’une ambitieuse scène de bataille durant la saison 2 pour un résultat franchement épique. Eh bien dans la saison trois non seulement Fabien réitère l’exploit, mais il réussi en plus ce coup-ci à rassembler pas moins de 500 personnes pour une grande (et dantesque) bataille de factions lors de l’épisode final !

Mais que l’on ne s’y trompe pas, même avec autant de personnes de bonne volonté il ne suffit pas de planter là sa caméra et de laisser faire les choses, non. Et c’est là qu’on sent que le bonhomme a du métier, car le résultat à l’écran est non seulement juste parfait dans le montage, mais aussi dans la façon dont il est inséré au sein d’un climax d’intrigue qui tient compte de plusieurs actions importantes prenant place en simultané, ce qui a l’air de ne pas être grand chose mais en impose soudain quand on réalise que Fabien ne sait souvent pas quelles vont être ses possibilités de réalisation dans un futur proche.
Et à ce titre là un des éléments les plus intéressants de ce coffret est définitivement son très complet making-of de plus d’une heure quarante qui (comme pour les deux saisons précédentes) permet de toujours plus se rendre compte que si Noob fonctionne aussi bien, c’est surtout que Fabien Fournier arrive depuis le début à s’adapter en permanence aux inévitables contraintes qui se présentent à lui (éloignement géographique des acteurs, incertitudes vis-à-vis du casting disponible le jour du tournage, conditions climatiques incertaines) sans jamais perdre de vue le fil narratif de sa création et tout en sachant tirer le meilleur des moyens mis à sa disposition pour que l’ensemble reste cohérent, sur le fond comme sur la forme.

A tel point d’ailleurs que son univers ne se limite pas à la web-série, puisqu’il le décline également sous la forme de romans inter-saisons (trois volumes édités pour le moment) et d’une B.D mise en forme par Philippe Cardona et Florence Torta (qui ont d’ailleurs quelques caméos dans la web-série) aux éditions Soleil.

Et comme toute cette énergie n’est destinée qu’à être dirigée vers une seule et unique direction – le plaisir du fan, sans jamais prendre ce dernier pour argent comptant – elle est forcément communicative pour tous ceux qui participent à Noob, que ce soit pour ceux qui sont là depuis le début comme pour ceux qui rejoignent l’aventure en cours de route.

noob girls

 

Mais Noob c’est aussi un casting dédié à fond à la crédibilité du monde d’Olydri (dans lequel prend place Horizon et toutes ses mises à jour). Je vais rajouter ici de la durée de lecture à cet article, malgré le fait que cela ne soit pas conseillé par les experts du web et les moteurs de recherche si l’on vise avant tout l’efficacité, mais comme je suis fan impossible de faire l’impasse sur des comédiens, certes amateurs (ce qui n’est pas péjoratif, sauf pour certaines personnes que j’ai rencontré qui pensent que hors de l’école de l’Actor’s Studio et du sourcil savamment froncé il n’y a point de salut), mais qui ont fini par tellement habiter leurs rôles que ce n’est pas non plus un hasard si on est nombreux à vouloir les féliciter à la moindre convention où ils nous font la joie d’être présents. Revenons donc sur ce cast qui a su gagner l’amour d’un large public amateur de références vidéoludiques et de bons gags, et pour commencer honneur aux dames bien entendu, avec un quatuor de têtes qui en jette, et tout d’abord Anne-Laure Jarnet dans le rôle de l’impayable Gaea, l’invocatrice vénale du groupe qui a fait marrer tout le monde avec ses combines à la mords-moi-le-nœud et sa compétence « yeux de cocker » dès qu’il s’agit d’expliquer pourquoi elle n’a toujours pas versé sa contribution au coffre de la guilde, mais qui peut aussi se révéler redoutable (jusqu’à un certain point) quand les intérêts de son groupe (et donc par extension ses intérêts à elle) sont menacés.
Vient ensuite Amandine Tagliavini dans le rôle de Golgotha la mercenaire, et qui bien que moins présente dans cette saison – pour cause d’heureux événement – n’en est pas moins toujours surprenante dans sa capacité d’interprétation d’une vraie foldingue surexcitée qui donne l’impression d’être capable à elle seule de massacrer l’ensemble de la population d’Horizon (à noter que cette saison trois lui permet aussi d’aborder brièvement un style aux antipodes de celui pour lequel elle s’est fait connaître).

Apparue lors de la saison deux, Couette – jouée par Manon Morand – a beau ne faire que des apparitions ponctuelles en tant que soigneur d’appoint de la guilde Noob, elle n’en fini pas moins par devenir un élément à part entière du groupe, ne serait-ce que pour sa jovialité nunuche déconcertante en cas de crise, qui n’est pas sans rappeler (ni sans susciter la même sympathie que) l’attitude de Sparadrap.

Nouvelle venue qui a un peu l’air de débarquer tel un cheveu sur la soupe dans cette saison trois – et pour cause puisqu’elle est en fait introduite dans le second roman qui fait la liaison entre la saison deux et cette dernière – Ivy, jouée par Johanna Fournier, est une « néogicienne » (personnage mixant magie et technologie) dont le sang-froid et la décontraction sont un vrai plus pour l’équipe.

sparadrap noob

Côté guys on retrouve Jonathan Fourcade dans le rôle d’Arthéon, toujours stoïque en chef de guilde qui croit dur comme fer que les Noob peuvent devenir une des meilleures teams d’Horizon (et malgré que sa mère l’ait collé en internat à l’autre bout du pays IRL), Julien Guellerin, toujours plus à l’aise dans la peau du sexiste et fanfaron Oméga Zell (et du joueur qui l’incarne, sur lequel on en apprend un peu plus à propos des motifs qui pourraient être à l’origine de son côté macho indécrottable), et bien sûr l’inimitable (et presque un trademark de la série à lui tout seul) Frédéric Zolfanelli qui s’en donne plus que jamais à cœur-joie dans la robe du prêtre neuneu Sparadrap (ainsi que dans le rôle de Kevin, le joueur tout aussi neuneu que son avatar derrière le clavier et pourtant promis à un bel avenir dans la vraie vie – c’est une des surprises de cette saison), qui diversifie ici son jeu en incarnant de temps en temps un tank destiné à pallier aux absences prolongées d’Artéon.
Enfin on retrouve aussi avec plaisir Lionel Tagliavini (frère d’Amandine et leader du groupe Mokotz qui interprète le générique de début et quelques-un des autres titres de la série) dans le rôle du psychotique et revanchard Maître Zen, et dont la seule raison d’être consiste encore et toujours à pourrir la quotidien de la guilde Noob, cette fois-ci avec l’aide de sbires pas vraiment mieux lotis que lui pour ce qui est de la santé mentale.

Et sont bien évidemment toujours présents les personnages de Fantöm (Fabien Fournier), meilleur joueur d’Horizon qui subit dans cette saison un sale revers du destin, Ash le farmer (qui n’est pas) chinois (Phanat Pak, également illustrateur), Tenchirock le hacker (Pierre-André Grasseler), Dark Avenger le Player Killer (Rodolphe Toucas), Ystos – meilleur soigneur du jeu et frère de Sparadrap/Kevin dans la vraie vie (Matthieu Zecchini, également cadreur depuis cette saison trois), Bartémulius et Nostariat (Philippe Cardona et Florence Torta, responsables de la BD), Amaras, deuxième meilleur joueur d’Horizon et chef de la Coalition (Mikaël Berthet)…et un invité de marque, puisque le seul et unique chantre de la grosdoigtitude, j’ai nommé Marcus en personne vient apporter de sa fraîcheur le temps d’un double épisode où il s’est visiblement bien marré (ce qui ne surprendra nullement celles et ceux qui ont déjà rencontré ce personnage hors-normes).

Loin de se reposer sur ses acquis, Fabien et toute sa bande réussissent donc toujours plus à faire de Noob une série qui, tout en se réclamant de son « amateurisme » (encore une fois, pas péjoratif), arrive à atteindre une vraie dimension épique, preuve en sont une trame ambitieuse – très bien construite sur la durée et qui réserve son lot de twists scénaristiques – ainsi qu’un sérieux dans la pré-production/réalisation/post-production qui ne laisse jamais les aléas altérer un résultat final de qualité. Ceci sans oublier l’ingrédient principal de toute bonne recette réussie : beaucoup d’amour, évidemment !

Et le coffret Kazé de la saison trois opérant en mode généreux, vous trouverez en plus du très complet making-of quelques goodies qui reflètent bien l’esprit qui anime toute la joyeuse équipe de Noob.

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